Une équipe connue de Pieds Nickelés s’attaque aux droits de l’Homme avec du matériel de sécurité et de police.

25 08 2013

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Depuis l’affaire Bradley Manning, puis l’affaire Edward Snowden nous apprenons tous les jours d’excellentes nouvelles sur les avancées du respect du droit à la vie privée, article 12 de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Oui ! Comme nous l’avions écrit précédemment, il n’y avait pas de « scoop » absolu dans la mise au jour des différents programmes d’espionnages depuis la révélation en 1988 du programme Echelon de la NSA. Non !  Le vrai scoop aujourd’hui c’est la dimension « Plombiers[1] » de ces nouveaux espions qui nous ouvre quelques belles perspectives d’analyse de l’efficacité de leurs derniers actes de bravoure.
Déjà avec le Président de la République bolivienne Evo Morales, nos supers espions bien renseignés avaient démontré au monde, non seulement la qualité du renseignement qu’ils collectaient, mais en plus leurs brillantes capacités d’analyse de ces mêmes renseignements.

C’est sans doute dans cet élan d’euphorie pure qu’ils ont du intercepter un message entre une Madame Al Zarqaoui et son fils, où ce dernier lui avait demandé bien imprudemment de la soupe aux lait de chèvre[2]. L’émotion suscitée par la perspective de reconnaissances nationales, peut être même infatués par  leurs dernières victoires, nos fins limiers en ont oublié que le Al Zarqaoui qu’ils accusaient de terrorisme était sans doute mort en 2006 suite à l’attaque de deux F16 étasuniens – Il est d’ailleurs probable  que le passage de l’information à l’intérieur des différents services de renseignements occidentaux, qu’ils soient  nationaux ou internationaux, soit plus difficile qu’entre les terrorismes eux mêmes –  En attendant  les alertes sont  déclenchées et le 4 aout dernier, les ambassades de la France, de la Grande Bretagne et des États Unis, mais aussi de nombreux autres pays européens sont fermées pour des raisons de sécurité[3].

Tout cela n’a rien à voir bien sûr avec une tentative de contrefeux des révélations de Edward Snowden sur l’espionnage massif de la NSA. Obama d’ailleurs nous le confirme : « Regardez notre programme fonctionne et il est nécessaire pour assurer aux citoyens de nos belles la sécurité ».

Car la sécurité c’est sacré pour les occidentaux[4] !

C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont envoyé au journal britannique « the Guardian » une équipe de spécialistes « cyber-antiterroristes » pour vérifier que les disques sur lesquels se trouvaient les informations transmises par Edward Snowden étaient bien détruits sous leurs yeux. Ignorant peut être qu’au XXI° siècle, les copies de telles informations peuvent se faire bine plus facilement que les duplicatas des premières photos de Joseph Nicéphore Niepce au début du XIX° siècle.

C’est aussi pour cela qu’ils ont détenu pendant 9 heures, sous l’article 7 de la loi antiterroriste de 2000[5], David Miranda, le mari de Glenn Greenwald qui a tout le profil du dangereux terroriste. Car dans cet agglomérat « d’experts espions » il y a aussi, comme au cinéma, les « profileurs ». Ceux qui sont capables de vous regarder et sans vous prendre le pouls, de vous annoncer que vous faites de l’hyper tension ! Ceux là on tout de suite compris qui était ce David Miranda et voilà comment le bonhomme s’est retrouvé cerné par une équipe de spécialistes « cyber- antiterroristes », plus efficace encore que dans « Men in Black ». Visiblement ils ont fait « choux blanc » sinon ils auraient encore fermé quelques ambassades…

Bradley Manning, un défenseur des droits de l’Homme, vient d’être condamné à 35 ans de prison pour avoir divulgué au monde les honteuses et cruelles petites habitudes de la guerre contre le terrorisme. Un gamin de 25 ans, jugé par la justice militaire – qui est à la justice ce que la pisse de chat est à la cuisine française[6] – est condamné à ne revoir le ciel en liberté qu’à l’âge de 60 ans[7]. Là encore, les États Unis, qui font la leçon sur la déclaration universelle des droits de l’Homme aux pays à la terre entière, violent allègrement son article 6 :« Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique ».

Après ces quelques violations des droits de la personne, et les centaines de millions de $ de dédommagements versés aux entreprises étasuniennes du net[8], le matériel de surveillance n’est toujours pas intégré, dans sa totalité, dans les listes de matériel dont il faut contrôler les transferts.

Mais Barak Obama et ses  congénères nous rassurent, ils sont garant de la moralité du système et nous les croyons sur parole. Il n’y a qu’à voir comment ils s’en sortent  en République Démocratique du Congo, en République Centrafricaine, en Égypte, en Palestine, en Lybie, en Syrie, en Irak, en Tchétchénie, aux Philippines, en Inde, au Mexique, au Honduras…

Benoît Muracciole


[1] Hommage aux plombiers de la Direction de la Surveillance du Territoriale (DST) qui avaient caché des micros dans les bureaux du Canard Enchaîné et qui s’étaient fait prendre comme des petits bleus.

[2] Tout terroriste sait depuis longtemps qu’il ne faut pas utiliser le mot chèvre dans les messages qu’il envoie à ses « collaborateurs ».

[3] Peut être cherchaient-ils à faire quelques économies sur les heures supplémentaires.

[4] Comme pour les 880 civils et 176 enfants morts, ainsi que les 1 300 blessés, exécutés par les drones étasuniens entre  juin 2004 et septembre 2012 au Pakistan

[6] Lao TseuTseu ; pensées du matin.

[7] Amnesty International publie un appel pour « commuer la peine de Bradley Manning et enquêter sur les violations qu’il a révélé » : http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/etats-unis-commuer-peine-bradley-manning

[8] Qui ont collaboré au programme Prism de la NSA.