De la responsabilité des États dans le soutien aux actes illégaux d’autres États (suite) ?

30 07 2014

FS_Mistral_01

 

Pour tous ceux qui pensent encore que le système des interventions militaires a encore quelque avenir, voilà quelques lieux où elles ne semblent pas avoir véritablement changées la donne :

Avec notamment l’Afghanistan, la Centrafrique, l’Irak, Israël et les territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie[1], le Mali – alimenté par une brillante intervention occidentale dans une Libye qui n’arrête pas de s’auto-dissoudre – la République Démocratique du Congo[2], le Sahara occidental, la Somalie, le Soudan – avec Abyei et le Darfour – le Soudan du Sud…

 

Selon le moment et les intérêts des pays occidentaux, parfois poussés par leurs opinions publiques, la lumière est mise sur un pays plutôt qu’un autre. La nécessité et l’urgence de l’intervention suivent en général dans les discours une fois l’émotion mise en mouvement. Après la Syrie, le Mali, l’Irak, les projecteurs sont maintenant dirigés sur l’Ukraine  et Gaza. Le récit change selon que l’on soit dans un camp, dans l’autre… ou « dans pas de camp du tout », mais les chiffres des morts eux n’arrêtent pas de croître. Pour Gaza, et ses probables crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il est fait état d’au moins : 1 118 morts dont 827 civils – 243 enfants et 131 femmes – ainsi que 6 700 blessés – dont plus de 1 949 enfants et 1 160 femmes – plus de 240 000 déplacés du coté palestinien et 53 soldats et 3 civils du coté israélien[3].

 

Les Nations unies ont réagi le 24 juillet dernier avec une résolution A/HRC/RES/S-21/1[4] du Conseil des droits de l’Homme. Celle-ci a condamné « les violations généralisées, systématiques et flagrantes du droit international des droits de l’homme et des libertés fondamentales découlant des opérations militaires israéliennes menées depuis le 13 juin 2014 dans le territoire palestinien occupé… » et décidé de « … de dépêcher d’urgence une commission d’enquête internationale indépendante… ». La résolution a été adoptée par 29 pour, un contre et 17 abstentions, mais une fois encore l’occasion d’exprimer l’universalité des droits de la personne a été manquée avec ce qui apparaît comme un front occidental engagé entre une opposition et des abstentions[5]. La nouvelle complexité multipolaire du XXI° siècle ne semble pas encore avoir convaincue les autorités de ces pays des formidables champs du possible qu’elle propose pour la communauté internationale en terme de respect effectif de la déclaration universelle des droits de l’Homme.

 

Ainsi, comme attachés aux vieux principes de la Realpolitik, les États-Unis[6] – suivis par l’Allemagne, l’Egypte, la France, la Grande Bretagne, l’Italie, le Qatar, l’Union Européenne et la Turquie – déploient des trésors d’ingéniosité pour résoudre le conflit de Gaza sans les principaux concernés : l’Autorité Palestinienne dont le Hamas et le gouvernement israélien. Les BRICS, qui représentent tout de même environ 40% de la population mondiale, ne sont pas consultés non plus ! Peut-être même vont-ils ressusciter Mark Sykes et François Georges-Picot – qui avaient dessiné en 1916 les frontières d’un Moyen-Orient franco-anglais – pour imposer le bien malgré elles  à ces communautés qui n’y comprennent décidément rien.

 

Mais, en plus de cet anachronisme historique, le plus paradoxal dans cette posture de recherche de paix est que les États-Unis continuent de largement pourvoir l’armée israélienne en armement, ce qui représente entre 23 et 25% du budget de la défense israélienne[7]. Quant à l’Union Européenne, elle n’est pas en reste non plus en terme d’armements[8] en plus d’être le premier partenaire économique d’Israël.

 

«Lorsque l’on arme des voyous, on ne doit pas être surpris que ceux-ci se comportent comme des voyous», aurait dit l’ambassadeur français à l’ONU, Gérard Araud[9]. Cette phrase, il est vrai un peu brutale pour un ambassadeur de la France aux Nations unies, résume fort bien la question posée dans le titre de notre billet sur la participation d’un État à un acte illégal d’un autre État.

Mais de qui Gérard Araud parlait-il ? De la France, des États Unis et des pays de l’Union Européenne qui transfèrent des armes à Israël ?

Il ne s’agissait bien sûr que de la Russie et des séparatistes ukrainiens accusés par les gouvernements étasuniens et de l’Union Européenne d’avoir abattu le Boeing de Malaysia Airlines.  D’un côté les preuves semblent s’accumuler chaque jour sur les possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité (actes de voyous, actes illégaux) de la part du gouvernement israélien à Gaza[10] et de l’autre, une absence abyssale de preuve des plus grandes puissances mondiales en matière de renseignement, notamment satellitaire. Les déclarations du contre-amiral John Kirby[11], porte-parole du Pentagone ainsi que le général Philip M. Breedlove[12], commandant des forces de l’Otan en Europe, auraient du les appeler à plus de prudence.

La seule satisfaction pour nous observateur de cette situation ukrainienne, est de constater que les États Unis se sont bien gardés de réitérer la présentation grand-guignolesque des preuves par le Secrétaire d’État Colin Powell pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003[13]. Pourtant cette fois l’histoire est simple : ont-ils les preuves ou ne les ont-ils pas, s’ils les ont, pourquoi ne les montrent-ils pas ?

L’absence de preuve de la culpabilité – qui fonde pourtant le droit international et qui justifie le vote des résolutions des Nations unies décidant la création de commissions d’enquêtes avant d’engager les trains de sanctions – ne semble troubler ni Barak Obama, ni les dirigeants de l’UE dans leur fameux 3eme train de mesures  contre la Russie…

 

Soyons cependant positifs et proposons une porte de sortie. Les pays occidentaux ont les éléments de preuve d’actes illégaux perpétrés par le gouvernement syrien soutenus par les transferts d’armes de la Russie et de l’Iran. Avec le 3eme train de sanction contre la Russie, ils montrent  qu’il est possible d’agir contre les États qui soutiennent un autre État engagé dans des actes illégaux (crimes de guerre, crimes contre l’humanité). Comme ces mêmes pays ont tous signés ou ratifiés le traité sur le commerce des armes (TCA), ils s’inscrivent dans la mise en oeuvre du paragraphe 2 de l’article 6 du TCA en suspendant tout transfert « qui violerait ses obligations internationales ». Ces obligations « erga omnes » « découlent par exemple, dans le droit international contemporain, de la mise hors la loi des actes d’agression et du génocide, mais aussi des principes et des règles concernant les droits fondamentaux de la personne humaine… »[14]

 

Dans cet esprit la France se devrait de suspendre également la livraison des navires Mistral promis par le gouvernement précédent au gouvernement russe. La France montrerait ainsi son engagement indéfectible aux principes du TCA qui précisent  « La nécessité d’appliquer le présent Traité de manière cohérente, objective et non discriminatoire; ». Elle pourrait ainsi incarner une force nouvelle de proposition afin de changer les vieux paradigmes des relations internationales datant du siècle dernier et enfin « bâtir la confiance entre les États[15] » basé sur les droits de l’Homme dans une construction pérenne de la paix et de la sécurité.

 

Benoît Muracciole

 

[1] L’ONUST établi en juin 1948 afin d’aider le Médiateur et la Commission de la Trêve à surveiller l’application de la trêve en Palestine : http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/untso/

[2] Malgré une estimation de plus de 5 millions de morts et une impunité quasi générale dont bénéficient notamment les assassins de Pascal Kabungulu, défenseur des droits de l’Homme et membre des Héritiers de la justice, tué le 31 juillet 2005 : https://armerdesarmer.wordpress.com/2013/07/30/la-republique-democratique-du-congo-un-echec-continue-de-la-justice-internationale/

[3] http://www.ochaopt.org/documents/ocha_opt_sitrep_30_07_2014.pdf

[4] http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/SpecialSessions/Session21/Pages/21stSpecialSession.aspx

[5] Les pays en gras représentent les BRICS.

Pour :

Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Brésil, Chili, Chine, Congo, Costa Rica, Côte d’Ivoire, Cuba, Émirats Arabes Unis, Éthiopie, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Kenya, Koweït, Maldives, Mexique, Maroc, Namibie, Pakistan, Pérou, Philippines, Fédération de Russie, Sierra Leone, Afrique du Sud, République Bolivarienne du Venezuela, Viet Nam

Contre :

États-Unis

Abstention:

Allemagne, Autriche, Benin, Botswana, Burkina Faso, République Tchèque, Estonie, France, Gabon, Grande Bretagne, Irlande, Italie, Japon, Monténégro, République de Corée, Roumanie, Ancienne République yougoslave de Macédoine.

[6] Voir la séquence ou le secrétaire d’État étasunien John Kerry déclare à propos des bombardements israéliens : « Quelle opération ciblée, en effet, quelle opération ciblée ! Je crois, Jon, que nous devrions y aller ce soir. C’est de la folie de rester ici à ne rien faire. Allons-y. » : http://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/video-israel-palestine-la-colere-de-john-kerry-enregistree-a-son-insu_652521.html

[7] En 2007 un accord bi latéral est signé entre les US et Israël « un investissement pour la paix » de 30 milliards $ pour les années 2009-2018 reconduit en 2014 pour les années 2019-2028 : http://fas.org/sgp/crs/mideast/RL33222.pdf

[8] https://armerdesarmer.wordpress.com/2014/07/18/gaza-un-droit-international-relatif-aux-droits-de-lhomme-indivisible-et-universel/

[9] http://www.liberation.fr/monde/2014/07/29/sanctions-le-tardif-reveil-de-l-europe_1072495?xtor=EPR-450206&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=quot

[10] Voir : http://www.unrwa.org/newsroom/official-statements/unrwa-strongly-condemns-israeli-shelling-its-school-gaza-serious Violations graves du droit international pourraient apparaître comme ayant un caractère systématique au moins depuis 2006 ; voir « Israël Liban. Des attaques disproportionnées : les civils, premières victimes de la  ,guerre » :http://www.amnesty.org/fr/library/asset/MDE02/033/2006/fr/27309ef4-d3d7-11dd-8743-d305bea2b2c7/mde020332006fr.pdf ; « Israël/Gaza : En fournissant des armes, les pays étrangers alimentent le conflit » : http://www.amnesty.org/en/library/asset/MDE15/012/2009/en/9e714cc6-4221-46a0-a3bc-a2dcadd95b62/mde150122009fra.pdf ; Rapport Goldstone « Rapport de la Mission d’établissement des faits de  l’Organisation des Nations Unies sur le conflit de Gaza » : http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/docs/12session/A-HRC-12-48_ADVANCE1_fr.pdf ;  « Un an après le conflit meurtrier Israël/Gaza, le cauchemar continue » : http://www.amnesty.org/fr/news/year-deadly-israelgaza-conflict-nightmare-continues-2013-11-14 ; « Israël/Territoires palestiniens occupés : non à l’usage d’une force excessive contre les civils palestiniens en Cisjordanie » : http://www.amnesty.org/fr/news/israelopt-stop-use-excessive-force-against-palestinian-civilians-west-bank-2013-04-04

[11] http://consortiumnews.com/2014/07/27/blaming-russia-as-flat-fact/

[12] http://www.washingtonpost.com/world/national-security/separatists-said-to-have-had-anti-aircraft-training-in-russia/2014/07/18/0af398f2-0e82-11e4-b8e5-d0de80767fc2_story.html

[13] Los Angeles Times du 22 juillet : « … Les agences de renseignement américaines ont jusqu’à présent été incapables de déterminer les identités et la nationalité de l’équipage qui a lancé le missile. Les responsables américains ont dit qu’il était possible que le SA-11 ait été lancé par un transfuge de l’armée ukrainienne qui aurait été formé à l’utilisation des systèmes de missiles similaires… » http://touch.latimes.com/#section/-1/article/p2p-80870402/  voir aussi : http://consortiumnews.com/2014/07/22/the-mystery-of-a-ukrainian-army-defector/ .

[14] http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/nouveaux-cahiers-du-conseil/cahier-n-21/declarations-et-conventions-en-droit-international.50561.html

[15] Article 1 du TCA





Gaza, un droit international relatif aux droits de l’Homme indivisible et universel ?

18 07 2014

Sans titre

 

 

A ce jour le 18 juillet 2014, après 7 années de siège par les autorités israéliennes, au moins 267 palestiniens – dont plus de 50 enfants et une majorité de civils – ont été tués. Le bilan ne cesse d’augmenter mais se sont encore plus de 1 770 blessés[1], plus de 1 660 maisons détruites,  plus de  30 000 personnes déplacées. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 900 000 personnes, c’est-à-dire la moitié de la population de Gaza est sans eau.

Sur le bord de mer quatre enfants jouaient sur le sable le 16 juillet dernier, ils sont morts, victimes d’un tir de l’armée israélienne.

Depuis 2006 et l’invasion du Liban, la politique internationale israélienne est revenue à la loi précédente à la loi du talion. Celle-ci avait pourtant constitué un progrès important dans la relation entre les Hommes du Livre il y a plus de 3 700 ans. 3 700 ans plus tard le seul changement, mais il est  radical, est dans les moyens de destruction aux mains de l’un des belligérants : Pour les 3 adolescents israéliens lâchement assassinés des frappes seront effectués sur la bande de Gaza, peu importe que les coupables soient palestinien ou même qu’il s’y soient réfugiés.

Et pour chaque missile envoyé de Gaza combien de civils palestiniens assassinés ?

C’est certainement ce que les États Unis ont voulu signifier ce mercredi 16 juillet 2014 par la voix de leur Président. Barak Obama a en effet déclaré : « Ce que nous attendons c’est que les dirigeants israéliens se rendent compte une fois de plus que leurs agissements à Gaza ont des conséquences, notamment l’affaiblissement de l’économie israélienne et un isolement diplomatique croissant[2] ».

Le Président Obama a décidé d’imposer de nouvelles sanctions contre Israël en ciblant les « joyaux de la couronne » que sont l’énergie et l’industrie de la défense. Très certainement la signature en septembre dernier du traité sur le commerce des armes (TCA) à permis à son administration d’être en cohérence avec le TCA qui dans son article 6 paragraphe 3 précise :

« Aucun État Partie ne doit autoriser le transfert d’armes classiques visées par l’article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 ou 4 s’il a connaissance, au moment où l’autorisation est demandée, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des violations graves des Conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d’autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie. »

Les États Unis, principal pourvoyeur d’armes d’Israël[3], se sont donc empressés de respecter rigoureusement ce paragraphe. L’Allemagne, la Belgique, la Bulgarie, l’Espagne, Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, les Pays Bas, la Pologne, la République Tchèque, la Roumanie, le Royaume Uni, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède et la  France[4] qui avaient exporté du matériel de guerre à Israël ont pris les mêmes dispositions.

Ces pays ont exigé un cessez-le-feu immédiat pour permettre la venue d’une commission d’enquête indépendante et impartiale afin d’enquêter sur les possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité contre la population palestiniennes et israéliennes.  L’ensemble des pays membres des Nations unies ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité, qui se réunit en ce moment même, afin de prendre les mesures indispensables au respect des droits fondamentaux des populations israélienne et palestinienne.

 

Dans le même temps en France – voulant marquer cette nouvelle ère dans les relations internationales et réagissant à un tir d’obus vraisemblablement ukrainien sur le territoire Russe qui a fait un mort – l’Elysée communique :

« Le Président de la République a eu ce soir un entretien téléphonique avec le Président Vladimir POUTINE. Il lui a exprimé la solidarité de la France face à ce tir d’obus en provenance d’Ukraine. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions. Il appartient au gouvernement russe de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces[5] ».

Réalisant qu’il s’était quelque peu emporté par la force de cette déclaration, le Président Hollande a rectifié très vite : « Le Président de la République rappelle la nécessité de prévenir l’escalade des violences. »

 

Vous avez bien compris qu’il s’agissait d’une politique fiction. Loin de s’être mobilisés pour mettre en oeuvre des sanctions afin  d’obtenir de Vladimir Poutine de cesser de fournir une aide militaire au régime de Bachar al Assad – ou de Benyamin Netanyahou un cessez-le-feu immédiat – les pays occidentaux semblent encore attachés à une vison partiale du droit international humanitaire et des droits de la personne.

Ces quarante dernières années nous montrent pourtant le romantisme – ou le cynisme – absolu que constituent ces « guerres justes[6] ». Ne serait-il pas temps de penser les quarante prochaines dans une logique, notamment proposée par le TCA, en limitant drastiquement les moyens de destruction de ces régimes qui sont engagés dans des violations systématiques et graves du droit international et donner ainsi une chance de sortir des logiques de haines ?

 

Benoît Muracciole

 

[1] Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 30 pour cent de la liste des médicaments fondamentaux et 50 pour cent des fournitures médicales jetables étaient déjà en rupture de stock à Gaza avant la crise : http://www.irinnews.org/fr/report/100356/p%C3%A9nurie-de-fournitures-m%C3%A9dicales-%C3%A0-gaza

[2] Déclaration du Président Obama en direction de la Russie

[3]Les USA ont exporté pour 94 million  $ en armes légères et de petits calibres, dont les munitions et  120 million $ pour des chars et des véhicules blindés de combats. Ces montants comprennent 114 million $ en « pièces pour les véhicules blindés de combats »; et près de 26 million $ dans la catégorie « bombes, grenades, torpilles, mines et munitions de guerre; autres munitions et projectiles » : https://usatrade.census.gov/.

[4] Rapport COARM du 21 janvier 2014 pour l’année 2012 qui donne un total de 613 millions € d’autorisation de licences d’exportation : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=OJ:C:2014:018:FULL&from=EN

[5] Déclaration faite au Premier ministre Benyamin Netanyahou : http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/entretien-avec-le-premier-ministre-israelien/

[6]Impact sur la population civile : https://armerdesarmer.wordpress.com/2010/11/05/guerre-dirak-entre-400-000-et-1-033-000-morts-pour-la-democratie-et-la-liberte/.

Pour le concept de guerre juste voir : http://etudesgeostrategiques.com/2013/11/02/quelle-pertinence-pour-la-notion-de-la-guerre-juste/





Al Qaïda vs la National Rifle Association (NRA) : Combien de morts ?

12 07 2014

Image: Moms demand end to gun violence with march across Brooklyn Bridge

 

AL Qaïda aux États Unis

Depuis le 11 septembre 2001 deux mille neuf cent quatre vingt seize personnes (2 996) ont été tuées sur le sol des Etats Unis par les attentats terroristes imputables à Al Qaïda.

Si l’on considère également la lutte contre le terrorisme avec les guerres d’invasion d’Irak et d’Afghanistan, le chiffre augmente significativement. Ces deux conflits ont fait jusqu’à ce jour 4 426 militaires étasuniens morts en Irak et 2 335  en Afghanistan[1]. Même s’il est difficile d’en attribuer précisément à Al Qaida,  il est intéressant de voir le coût financier engagé par les administration de Bush et d’Obama jusqu’au mois de mars 2011 dans ces deux conflits. Selon le rapport du Congressional Research Service la guerre en Irak et Afghanistan et autres opérations dans la guerre contre le terrorisme depuis le 9 septembre 2001 aurait coûté : 1 283 milliards de $ (environ 916,49 milliards € mars 2011)[2].

Violence des armes aux États Unis

Pour ce qui est du nombre de personnes tuées par balles aux États Unis les chiffres sont dramatiquement plus élevés puisque selon une étude du Department  of health  and human  services de  2014  qui s’appuie sur les chiffres du « Centers for Disease Control and Prevention » il y aurait environ 30 000 morts / an par armes à feu[3] – environ 19 000 suicides  et 11 680 homicides – ce qui donnerait environ :

367 000 morts par armes à feu aux États Unis depuis le 11 septembre 2001[4].

Pour  Brady Campaign[5] le décompte est plus lourd encore puisqu’il ajoute les morts accidentels par armes à feu qui sont d’environ 7 319 par an[6] ce qui donnerait environ :

460 320 morts par armes à feu aux États Unis depuis le 11 septembre 2001[7].

Ces chiffres ahurissants pour un pays qui se considère comme la première puissance mondiale ne semble toujours pas émouvoir son pouvoir législatif, ni véritablement non plus son pouvoir exécutif[8]. En effet, après l’échec du projet de loi porté par les Sénateurs Manchin et Toomey[9] en 2013, dû notamment à la démission des élus, la maison Blanche semble avoir oublié les promesses du Président Obama de mettre un peu de « bons sens » dans le contrôle des armes.

C’est justement pendant ce temps d’absence de « bon sens », qu’en avril 2013, le Texas passait la loi « Second Amendment Protection Act » qui interdit l’application de la loi fédérale concernant le contrôle de la possession et de la vente des armes. Cela signifie par exemple que toute arme fabriquée et gardée au Texas ne peut être sous le contrôle de quelques lois fédérales, règlements ou « exécutive action[10] » du Président des États Unis. Elle dit aussi que tout fonctionnaire fédéral pourrait être poursuivi pour actes délictueux si celui ci voulait faire appliquer la loi fédérale. Elle permet également la vente d’armes de poing à des jeunes entre 18 et 21 ans, et toute sorte d’armes à toutes sortes d’individus sans contrôle. Enfin, et pour couronner le tout, cette loi permet aux fabricants de produire des armes sans aucun numéro de série ce qui, c’est le moins que l’on puisse écrire, les rendraient intraçables[11]. Comme une nouvelle victoire de la NRA, le Texas allait être plus sûr pour ses propres citoyens !

Le 9 juillet 2014 à Houston Texas, comme une implacable illustration de cette nouvelle loi un homme a tué quatre enfants – âgés de 4, 7, 9 et 13 ans –   deux adultes, et a blessé grièvement une adolescente de 15 ans, lors d’une dispute familiale.

Aux Etats Unis, rien ne peut changer !

Malgré les commentaires de journalistes peu amènes de rentrer dans la complexité de ce pays, les mentalités changent aux Etats Unis. Une partie de la société civile a refusé d’entériner le vote négatif des Sénateurs sur le projet de loi  « Manchin et Toomey ». De nombreuse associations ont continué de mobiliser l’opinion publique pour un contrôle plus strict de la vente et de la possession des armes à feu dans tout le pays.

C’est le cas de Brady Campaign qui a décidé notamment d’engager une action en justice contre la loi texane du « Second Amendment Protection Act » que l’association juge anticonstitutionnelle[12].

Mais aussi d’ Everytown for Gun Safety[13] et de Moms Demand Action for Gun Sense in America[14] – qui ont adressé un questionnaire auprès des candidats aux élections nationales afin qu’ils se positionnent sur les questions de contrôle des armes à feu.

Enfin, Americans for Responsible  Solutions – emmené par l’ancienne Sénatrice de l’Arizona Gabby Giffords gravement blessée par balle en janvier 2011 – et du Law Center to Prevent Gun Violence, qui proposent de cibler chaque Sénateur pour les engager dans le contrôle des armes à feu[15].

En cela ils reprennent les techniques de bases de leurs adversaires de la NRA, mais cette fois  pour transformer une volonté grandissante de l’opinion publique étasunienne qui apparaît être très largement majoritaire. En effet si l’on se fie au sondage réalisé par l’Université de Quinnipiac 92% des personnes interrogées soutiennent la vérification des antécédents de l’acheteur avant toute vente d’une arme. Le pourcentage est un peu moins élevé chez les Républicains interrogés,  mais il reste malgré tout très important avec 86 % d’opinions favorables (98 % pour les Démocrates) [16]. Quant à l’idée plus générale de renforcer le contrôle des armes, il ne reste que 50% des personnes interrogées pour en soutenir l’idée. Mais l’aspect trop général de la question peut aussi expliqué le taux d’adhésion à cette idée comparée à celle sur la vérification des antécédents de l’acheteur.

Le jour de la fête de l’indépendance des États Unis, le 4 juillet dernier à Chicago, plus de 80 fusillades dans la ville ont fait quatorze morts[17].

Ne serait-il pas temps pour les politiques de se poser la question d’une meilleure attribution des fonds fédéraux et du vote de lois rigoureuses, comme proposées l’année passée au Sénat, pour protéger enfin les citoyens étasuniens de cette violence armée ?

En attendant, sans réponse concrète de leur part,  l’article 3 de la déclaration universelle des droits de l’Homme – qui affirme que « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne » – restera une promesse inaccessible pour des centaines de milliers d’entre eux.

Benoît Muracciole

[1] http://icasualties.org/. En Irak  le nombre de morts – directes et indirectes – auprès des populations civiles oscille entre 400 000 et plus d’un million de morts entre 2003 et 2011: https://armerdesarmer.wordpress.com/2010/11/05/guerre-dirak-entre-400-000-et-1-033-000-morts-pour-la-democratie-et-la-liberte/.

[2] Décomposé comme suit : $806 milliards en Irak ;   $444 milliards en Afghanistan ;  $29 milliards en renforcement de la sécurité et $6 milliards non précisés : http://useconomy.about.com/library/CRS_War_Costs.pdf

[3] Page 233 : http://www.cdc.gov/fmo/topic/Budget%20Information/appropriations_budget_form_pdf/FY2014_CJ_CDC_FINAL.pdf

[4] Page 233 : http://www.cdc.gov/fmo/topic/Budget%20Information/appropriations_budget_form_pdf/FY2014_CJ_CDC_FINAL.pdf

[5] http://www.bradycampaign.org/about-gun-violence

[6] http://webappa.cdc.gov/cgi-bin/broker.exe?_program=wisqars.dd_details10drill.sas&_server=app-v-ehip-wisq.cdc.gov&_service=v8prod&_port=5081&_sessionid=QGAILxycN52&type=U&dcause=Firearm&save_causestring=(cause113%20in%20(208901))&age1=1&age2=85&save_yeartxt=2001%20-%202011&save_stname=United%20States&injtitle=Unintentional%20Injuries&agetitle=Ages%201-85+&save_racetxt=All%20Races,&save_sextxt=Both%20Sexes&totald=%20%20%20%20%207,319&save_state=00&save_race=0&save_sex=0&save_ethnicty=0&_debug=0

[7] Ces chiffres sont des minimums car depuis 2008 l car tous les meurtres par armes à feu ne sont pas répertoriés soit par absence de plainte ou à cause de la disparition du corps. Il n’est pas sûr non plus que soient intégrés le nombre de morts parmi les officiers de police : environ 18 morts depuis septembre 2001 ; 57 morts en 2002 ; 48 morts en 2003, 67 morts en 2007 ; 47 morts en 2009 ; 59 morts en 2010 ; 68 morts en 2011 ; 48 morts en 2012 ; 30 morts en 2013 et 25 morts en 2014 ; un total d’environ 470 officiers morts

[8] https://armerdesarmer.wordpress.com/2012/12/16/les-larmes-dun-president-sur-son-impuissance-a-imposer-un-vrai-controle-pour-lacquisition-et-la-possession-des-armes-aux-etats-unis/

[9] http://www.politifact.com/truth-o-meter/article/2013/apr/30/summary-manchin-toomey-gun-proposal/

[10] http://uspolitics.about.com/od/Gun-Control/a/President-Barack-Obamas-23-Executive-Actions-On-Gun-Violence.htm

[11] Et feraient encore plus le bonheur des cartels de la drogue, notamment au Mexique : https://armerdesarmer.wordpress.com/2011/04/11/les-armes-us-dans-les-rues-de-monterrey-au-mexique/

[12] http://www.bradycampaign.org/kansas%E2%80%99-%E2%80%9Csecond-amendment-protection-act%E2%80%9D-is-unconstitutional-according-to-new-lawsuit-filed-by, d’autant plus que la NRA perd régulièrement contre la cour suprême des Etats Unis depuis octobre 2013 : http://www.motherjones.com/politics/2014/06/supreme-court-nra

[13] http://everytown.org/ [14] http://www.momsdemandaction.org/

[15] http://action.americansforresponsiblesolutions.org/page/content/call-tool?source=site-home

[16] Le 3 juillet 2014 : http://www.quinnipiac.edu/news-and-events/quinnipiac-university-poll/national/release-detail?ReleaseID=2057

[17] http://www.huffingtonpost.com/2012/06/16/chicago-homicide-rate-wor_n_1602692.html