Samedi 21 avril 2012 Amine Bentounsi, âgé de 28 ans, a été blessé par des policiers à Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis. Les policiers ont affirmé qu’ils avaient été visés et qu’ils « avaient dû riposter en faisant usage de leur arme de service à quatre reprises ». Il est mort le dimanche 22 avril des suites de ses blessures. Quelques jours après, l’autopsie a révélé que le tir mortel avait atteint Amine Bentounsi dans le dos.
Les éléments de ce drame dont le public a pu être informé laissent à penser que l’interpellation de ce délinquant bien connu des services de police, susceptible d’être armé, a été conduite sans le professionnalisme nécessaire. Mais procéder à l’arrestation d’un criminel aux antécédents aussi lourds n’est pas une mission à confier à une équipe de gardiens de la paix, pleins de bonne volonté, mais pas formés à ce type d’intervention. En effet plusieurs questions se posent après cet événement dramatique auquel il conviendra de répondre:
- Qui a donné ordre à cette équipe de procéder à l’arrestation ?
- Quelles étaient les compétences techniques des policiers qui ont du intervenir ?
- Quel encadrement les dirigeait sur place ?
L’émotion des policiers est compréhensible, mais l’instauration d’une mesure de « présomption de légitime défense » au bénéfice des policiers ne comblera pas le manque de professionnalisme de certains policiers. Le gardien de la paix généraliste ne peut pas être un professionnel des interpellations à risque sur la voie publique. Policier au RAID, c’est un métier. Procédurier à la Brigade criminelle, c’est un métier. Officier dans un service de renseignement, c’est un métier. Une meilleure organisation des services, une ligne hiérarchique plus affirmée et aux compétences établies, des formations plus concrètes et sanctionnant les inaptitudes, doivent pouvoir améliorer la qualité du service public de la police en construisant un véritable professionnalisme de ses agents.
L’affaire de Noisy le Sec est un drame. Un drame parce qu’un homme, un gardien de la paix a tué. Un drame parce qu’un homme qui devait répondre de ses actes devant la justice a été tué. La peine de mort a été abolie en France et le délinquant quels qu’aient pu être ses crimes ne pouvait pas être exécuté. Dans l’affaire de Noisy le Sec, il y a deux victimes. Inégales, mais deux victimes. Au delà de l’incrimination retenue par le magistrat instructeur, incrimination qui peut évoluer, il convient de laisser la justice travailler sereinement.
L’association Action Sécurité Ethique Républicaine (ASER) milite pour une police républicaine, au service des citoyens et respectueuse des droits de l’Homme. Dans sa vision pour une modernisation et une amélioration de la qualité du service public de sécurité, ASER souhaite voir une police :
– qui sait s’adapter, par son organisation et ses méthodes, à une lutte efficace contre l’insécurité en fonction des réalités et des territoires
– qui inscrit dans les principes de son action, et de façon permanente, le respect de la déontologie et des droits de l’Homme
– qui rend compte de son action et de ses résultats devant les citoyens ou leurs représentants
– dont le contrôle est assuré de façon indépendante
Georges Guillermou Commissaire principal honoraire Président d’ASER
Benoît Muracciole Vice président d’ASER