Nous publions dans son intégralité le texte des ONG Congolaises sur l’assassinat de Floribert CHEBEYA BAHIZIRE. Si nous ne connaissons pas les circonstances précises de sa mort, elles reflètent malheureusement parfaitement la réalité de la menace quotidienne que font peser la violence des armes sur les défenseurs des droits humains du monde entier. C’est pour cela que nous rappelons l’urgence d’un traité international sur le commerce des armes. Nous exigeons des États le respect de leurs engagements dans la protection des droits humains. Pour cela chaque pays exportateur a le devoir de refuser toute exportation d’armes lorsqu’il y a un risque substantiel qu’elles soient utilisées pour commettre de graves violations des droits humains. Cette liste des armes doit être la plus complète possible pour être efficace et intégrer le matériel de sécurité et de police dont font partie les menottes utilisées contre Floribert.
ASSASSINAT IGNOBLE DANS LA FAMILLE DES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME
EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le Collectif des Ongs de défense des droits de l’Homme de la RD Congo a la profonde douleur d’annoncer à l’opinion tant nationale qu’internationale, l’assassinat de Monsieur Floribert CHEBEYA BAHIZIRE, Directeur Exécutif de la Voix de Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV), Secrétaire exécutif du Réseau National Des Ongs des Droits de l’Homme du Congo (RENADHOC) et Vice-président de l’Union Internationale des Droits de l’Homme pour l’Afrique centrale (UIDH), survenu dans la nuit du 1er au 2 juin 2010 à Kinshasa.
Pour rappel, Monsieur Floribert CHEBEYA BAHIZIRE avait reçu en date du 1er juin 2010, aux environs de 11 heures un coup de fil d’un certain Monsieur Michel, non autrement identifié, l’invitant à se présenter à l’Inspection Générale de la Police Nationale Congolaise, sise dans la commune de Lingwala à Kinshasa/RDCongo, aux environs de 17 h 30, pour y rencontrer l’Inspecteur Général de la Police Nationale Congolaise, Monsieur John NUMBI BANZA NTAMBO qui l’y attendait.
Accompagné de Monsieur Fidèle BAZANA EDADI, membre et chauffeur de la VSV, Monsieur Floribert CHEBEYA s’est rendu audit rendez-vous aux environs de 16 h 00. A 16h56, il appellera son épouse pour confirmer qu’il était déjà au lieu du rendez-vous attendant d’être reçu par l’Inspecteur Général de la Police Nationale.
Dès lors, il va s’en suivre une série de SMS échangés avec son épouse dont un reçu à 19 h44, dans lequel il lui annonce : « Je n’ai pas pu rencontrer l’IG. Je crois qu’il est retenu quelque part. Je vais à l’UPN.» ; Message non signé contrairement à ses habitudes.
Le contact avec sa famille sera définitivement coupé après un dernier et curieux message à l’intention de sa fille aux environs de 21 h 11 à qui il répondait à sa demande de lui rapporter des saucisses : « Bien reçu, d’avance bon appétit. » Message une fois de plus non conforme à ses habitudes.
Rappelé à son téléphone à 21 h 15, Monsieur Floribert CHEBEYA ne décrochait plus, encore moins son chauffeur dont le téléphone était carrément fermé.
Tous ces échanges ont rajouté à l’inquiétude de son épouse qui ne reconnaissait pas dans ces différents messages le style de son époux habitué à rentrer directement à la maison après ses journées de travail. C’est ainsi qu’aux environs de minuit, elle alertera un de ses proches collaborateurs qui à son tour, va organiser les recherches en alertant les différents acteurs de la société civile et partenaires de la communauté internationale.
Au cours de ces recherches infructueuses des ONGs des droits de l’homme tout l’avant-midi du 02 juin 2010, la délégation des ONGs a été reçue par le Colonel Daniel MUKALAYI, Directeur des Renseignements à l’Inspection générale de la Police Nationale Congolaise, qui va confirmer la terrible information selon laquelle le véhicule de Monsieur Floribert CHEBEYA avait été retrouvé en fin d’avant-midi avec un corps inerte à son bord. Après identification du corps par la Police comme étant celui de Monsieur CHEBEYA, aux environs du quartier Mitendi sur la Nationale N°1 dans la commune de Mont-Ngafula, ceux-ci seront acheminés au Camp Lufungala avant que le corps ne soit transféré à la morgue de l’Hôpital Général de Kinshasa (ex-Mama Yemo) à 12 h 45’.
Selon les témoignages recueillis sur place, l’infortuné a été retrouvé tôt le matin sur la banquette arrière du véhicule, les mains menottées derrière le dos, le pantalon et le sous vêtement rabaissés sur les genoux.
A l’heure actuelle, le corps du Défunt se trouve à la morgue de l’hôpital général de Kinshasa tandis que son Chauffeur Monsieur Fidel BAZANA EDADI avec qui il était, demeure encore introuvable.
De tout ce qui précède, le collectif des Ongs de défense des droits de l’homme, dénonce l’assassinat ignoble de Monsieur Floribert CHEBEYA BAHIZIRE, dans des circonstances non encore élucidée ainsi que la disparition de Monsieur Fidèle BAZANA EDADI.
Le Collectif des Ong de défense des droits de l’homme exige, par conséquent :
Aux autorités compétentes, notamment :
1. Le Président de la République :
– De se prononcer de manière claire et en public sur la situation d’insécurité organisée contre les Défenseurs de droits humains en RDCongo ;
2. Le Gouvernement de la République :
– D’intensifier des recherches pour retrouver Monsieur Fidèle BAZANA ADADI porté disparu en ce moment ;
– De mettre sur pied une Commission d’enquête mixte et impartiale, composée des inspecteurs de la Police Nationale Congolaise (PNC), des Défenseurs des droits de l’homme membres du Collectif, des représentants de la Communauté internationale, en vue de faire toute la lumière sur cet assassinat;
3. Le Pouvoir judiciaire :
– D’engager des poursuites pénales à l’encontre de toute personne impliquée dans cet assassinat ;
A la communauté internationale :
– De prendre au sérieux les menaces sérieuses et assassinats à répétition qui pèsent sur les défenseurs des droits de l’homme, y compris les et syndicalistes, et envisager les dispositions qui s’imposent afin d’y mettre définitivement un terme ;
– De s’impliquer activement afin que ce crime ne demeure impuni ;
A la Société civile :
– De se mobiliser et de rester vigilante dans une cohésion sans faille pour que de tels actes ne se reproduisent plus à l’avenir ;
– De rester serein et de doubler leur engagement pour tirer une fois pour toute le peuple congolais du bourbier dans lequel il est maintenu cinquante ans après l’accession du pays à la souveraineté nationale.
Au people congolais dans son ensemble :
– De considérer que cet énième assassinat à l’encontre de Monsieur Floribert CHEBEYA BAHIZIRE porte un coup fatal à la démocratie recherchée de tout vœu.
Le programme des funérailles sera communiqué ultérieurement.
Fait à Kinshasa, le 02 juin 2010