A ce jour le 18 juillet 2014, après 7 années de siège par les autorités israéliennes, au moins 267 palestiniens – dont plus de 50 enfants et une majorité de civils – ont été tués. Le bilan ne cesse d’augmenter mais se sont encore plus de 1 770 blessés[1], plus de 1 660 maisons détruites, plus de 30 000 personnes déplacées. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 900 000 personnes, c’est-à-dire la moitié de la population de Gaza est sans eau.
Sur le bord de mer quatre enfants jouaient sur le sable le 16 juillet dernier, ils sont morts, victimes d’un tir de l’armée israélienne.
Depuis 2006 et l’invasion du Liban, la politique internationale israélienne est revenue à la loi précédente à la loi du talion. Celle-ci avait pourtant constitué un progrès important dans la relation entre les Hommes du Livre il y a plus de 3 700 ans. 3 700 ans plus tard le seul changement, mais il est radical, est dans les moyens de destruction aux mains de l’un des belligérants : Pour les 3 adolescents israéliens lâchement assassinés des frappes seront effectués sur la bande de Gaza, peu importe que les coupables soient palestinien ou même qu’il s’y soient réfugiés.
Et pour chaque missile envoyé de Gaza combien de civils palestiniens assassinés ?
C’est certainement ce que les États Unis ont voulu signifier ce mercredi 16 juillet 2014 par la voix de leur Président. Barak Obama a en effet déclaré : « Ce que nous attendons c’est que les dirigeants israéliens se rendent compte une fois de plus que leurs agissements à Gaza ont des conséquences, notamment l’affaiblissement de l’économie israélienne et un isolement diplomatique croissant[2] ».
Le Président Obama a décidé d’imposer de nouvelles sanctions contre Israël en ciblant les « joyaux de la couronne » que sont l’énergie et l’industrie de la défense. Très certainement la signature en septembre dernier du traité sur le commerce des armes (TCA) à permis à son administration d’être en cohérence avec le TCA qui dans son article 6 paragraphe 3 précise :
« Aucun État Partie ne doit autoriser le transfert d’armes classiques visées par l’article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 ou 4 s’il a connaissance, au moment où l’autorisation est demandée, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des violations graves des Conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d’autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie. »
Les États Unis, principal pourvoyeur d’armes d’Israël[3], se sont donc empressés de respecter rigoureusement ce paragraphe. L’Allemagne, la Belgique, la Bulgarie, l’Espagne, Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, les Pays Bas, la Pologne, la République Tchèque, la Roumanie, le Royaume Uni, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède et la France[4] qui avaient exporté du matériel de guerre à Israël ont pris les mêmes dispositions.
Ces pays ont exigé un cessez-le-feu immédiat pour permettre la venue d’une commission d’enquête indépendante et impartiale afin d’enquêter sur les possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité contre la population palestiniennes et israéliennes. L’ensemble des pays membres des Nations unies ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité, qui se réunit en ce moment même, afin de prendre les mesures indispensables au respect des droits fondamentaux des populations israélienne et palestinienne.
Dans le même temps en France – voulant marquer cette nouvelle ère dans les relations internationales et réagissant à un tir d’obus vraisemblablement ukrainien sur le territoire Russe qui a fait un mort – l’Elysée communique :
« Le Président de la République a eu ce soir un entretien téléphonique avec le Président Vladimir POUTINE. Il lui a exprimé la solidarité de la France face à ce tir d’obus en provenance d’Ukraine. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions. Il appartient au gouvernement russe de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces[5] ».
Réalisant qu’il s’était quelque peu emporté par la force de cette déclaration, le Président Hollande a rectifié très vite : « Le Président de la République rappelle la nécessité de prévenir l’escalade des violences. »
Vous avez bien compris qu’il s’agissait d’une politique fiction. Loin de s’être mobilisés pour mettre en oeuvre des sanctions afin d’obtenir de Vladimir Poutine de cesser de fournir une aide militaire au régime de Bachar al Assad – ou de Benyamin Netanyahou un cessez-le-feu immédiat – les pays occidentaux semblent encore attachés à une vison partiale du droit international humanitaire et des droits de la personne.
Ces quarante dernières années nous montrent pourtant le romantisme – ou le cynisme – absolu que constituent ces « guerres justes[6] ». Ne serait-il pas temps de penser les quarante prochaines dans une logique, notamment proposée par le TCA, en limitant drastiquement les moyens de destruction de ces régimes qui sont engagés dans des violations systématiques et graves du droit international et donner ainsi une chance de sortir des logiques de haines ?
Benoît Muracciole
[1] Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 30 pour cent de la liste des médicaments fondamentaux et 50 pour cent des fournitures médicales jetables étaient déjà en rupture de stock à Gaza avant la crise : http://www.irinnews.org/fr/report/100356/p%C3%A9nurie-de-fournitures-m%C3%A9dicales-%C3%A0-gaza
[2] Déclaration du Président Obama en direction de la Russie
[3]Les USA ont exporté pour 94 million $ en armes légères et de petits calibres, dont les munitions et 120 million $ pour des chars et des véhicules blindés de combats. Ces montants comprennent 114 million $ en « pièces pour les véhicules blindés de combats »; et près de 26 million $ dans la catégorie « bombes, grenades, torpilles, mines et munitions de guerre; autres munitions et projectiles » : https://usatrade.census.gov/.
[4] Rapport COARM du 21 janvier 2014 pour l’année 2012 qui donne un total de 613 millions € d’autorisation de licences d’exportation : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=OJ:C:2014:018:FULL&from=EN
[5] Déclaration faite au Premier ministre Benyamin Netanyahou : http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/entretien-avec-le-premier-ministre-israelien/
[6]Impact sur la population civile : https://armerdesarmer.wordpress.com/2010/11/05/guerre-dirak-entre-400-000-et-1-033-000-morts-pour-la-democratie-et-la-liberte/.
Pour le concept de guerre juste voir : http://etudesgeostrategiques.com/2013/11/02/quelle-pertinence-pour-la-notion-de-la-guerre-juste/
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